- KOSSOVO
- KOSSOVOKOSSOVO ou KOSOVSitué dans la partie méridionale de la Serbie, le Kossovo (Kosovo i Metohija ou Kosmet pour les Serbes, Kosovë en albanais), qui a des frontières communes avec l’Albanie, la Macédoine et le Monténégro, comptait une population de 1 954 747 habitants en 1991, répartis sur 10 887 kilomètres carrés et comprenant 82,2 p. 100 d’Albanais, 11 p. 100 de Serbes et Monténégrins, 2,9 p. 100 de Musulmans, 2,2 p. 100 de Tsiganes, 0,6 p. 100 de Turcs, 0,4 p. 100 de Croates, 0,2 p. 100 de Yougoslaves et 0,5 p. 100 divers. Le taux de natalité est particulièrement élevé chez les Albanais. Le Kossovo ne regroupe pas tous les Albanais (majoritairement musulmans), qui sont établis également au Monténégro et en Macédoine. Sa capitale est Priština (205 093 hab. en 1991). Possédant un relief montagneux, le Kossovo est constitué de deux bassins: le Kossovo proprement dit à l’est et la vaste plaine orientale de la Metohija. La région de Priština est à environ 600 mètres d’altitude, les massifs de Šar Planina et Prokletija dépassent les 2 000 mètres. Les hivers sont rigoureux et neigeux, les étés torrides. Les richesses minières sont variées (plomb, zinc, nickel, lignite, bismuth, etc.).L’exacerbation des antagonismes nationaux entre Serbes et Albanais reste le problème le plus préoccupant des clivages régionaux de la république fédérale de Yougoslavie (créée le 27 avril 1992). Les deux camps ont jusqu’à présent réussi à trouver un modus vivendi, certes fondé sur une peur mutuelle. Le Kossovo, en effet, représente un des centres historiques du peuple serbe, alors qu’il est peuplé à plus de 80 p. 100 d’Albanais. De nombreuses spéculations historiques ont pour objet l’appropriation du territoire, la légitimation d’un droit du sol historique. Pour les Albanais, le Kossovo est la terre de leurs ancêtres, les Illyriens, et il s’agit donc pour eux d’une implantation bimillénaire. La Serbie insiste sur l’inaliénabilité du Kossovo au nom de l’histoire et conteste le droit à l’autodétermination des Albanais. Le Kosmet représente le cœur de la Serbie médiévale, le foyer de l’orthodoxie, le lieu de la célèbre bataille de Kosovo Polje (1389), qui marqua la victoire des Ottomans et entraîna la disparition de l’autonomie serbe. Les migrations serbes furent massives (XVIIe-XVIIIe s.). Avec la première guerre balkanique (1912-1913), le Kossovo fut rattaché à la Serbie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut annexé par la Grande Albanie, et une partie de la Metohija fut occupée par la Bulgarie.Le Kossovo appartenait à la Fédération des républiques socialistes de Yougoslavie (S.F.R.J.), d’abord avec le statut de région autonome puis celui de province autonome. Il était l’une des régions yougoslaves les plus pauvres (produit social par habitant à peine supérieur au quart de la moyenne yougoslave en 1985) et bénéficiait de subventions fédérales du Fonds général d’investissement (en 1987, 44 p. 100 du capital investis au Kossovo). Depuis 1989 et sur l’initiative de Slobodan Miloševi が, le Kossovo a perdu les prérogatives dont il bénéficiait par la Constitution de 1974, retournant dans le giron serbe. Il fait donc partie intégrante de la république fédérale de Yougoslavie.La situation des Albanais du Kossovo est catastrophique: en majorité, ils sont exclus du pouvoir, de la production, de la vie sociale normale. Ce que l’on peut constater, c’est qu’au Kossovo s’opposent deux autoritarismes (serbe et albanais), deux nationalismes, mais qui n’ont ni la même organisation ni la même force. Le gouvernement serbe, appuyé par un important système policier, exerce une forte répression à l’encontre de la communauté albanaise (nombreuses arrestations et tortures). Les idées irrédentistes et pannationales (Grande Serbie et Grande Albanie) sont présentes dans les deux camps. Les Albanais veulent l’indépendance du Kossovo, refusant l’autonomie simple, tout en promettant de garantir les droits culturels et nationaux des Serbes et des Monténégrins; mais, pour les Serbes, le Kossovo doit indiscutablement rester à la Serbie, et ce qui peut être négocié c’est une certaine forme d’autonomie culturelle des Albanais. Les radicalismes serbe et albanais sont différents au niveau du rapport de forces, avec une suprématie des Serbes, mieux armés et disposant d’une capacité d’hommes mobilisables largement supérieure à celle des Albanais. Les autorités belgradoises ont depuis 1992 conçu un programme de colonisation du Kossovo, pour installer 100 000 Serbes et Monténégrins afin de changer à moyen terme la structure nationale du Kossovo. Les solutions préconisées pour l’installation de nouveaux habitants sont très attractives (attribution d’appartements, de terrains constructibles, d’emplois, de crédits sur 40 ans), même si l’on peut sérieusement douter de la réalité des moyens nécessaires au financement de ce projet titanesque.Les forces politiques se sont organisées chez les Albanais, mais sont loin d’être épargnées par les scissions et les tensions internes, ce qui traduit également la complexité de la question albanaise et des solutions préconisées par les uns et par les autres. Le Parlement du Kossovo a proclamé dans la clandestinité, le 7 septembre 1990, la république du Kossovo, et des élections pluripartites législatives et présidentielle (non reconnues par le gouvernement yougoslave) eurent lieu en mai 1992. Le président de cette nouvelle république (seulement reconnue par l’Albanie) est Ibrahim Rugova, président également de la Ligue démocratique du Kossovo (D.S.K.), principal parti politique. Les autorités de Belgrade ne reconnaissent pas ces élections mais autorisent l’existence de la D.S.K. Les Albanais ont boycotté les élections législatives de décembre 1992 et 1993 en Serbie. Le Parlement compte 130 membres, élus selon un système qui combine la représentation proportionnelle et le scrutin majoritaire. Sur le plan économique, le Kossovo est le lieu par excellence de l’économie parallèle.
Encyclopédie Universelle. 2012.